vendredi 24 octobre 2008

Pardon?

A l’attention de Dr Samir Geagea, président du Comité Exécutif du Parti des Forces Libanaises,

Dr Samir Geagea, dans notre religion, le Christianisme, comme vous le savez, nous disons : « Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant mes frères, que j'ai péché en pensée, en parole, par action et par omission oui, j'ai vraiment péché. C'est pourquoi je supplie la Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, mes frères, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu. »

Certes, vous n’êtes pas le seul, d’autres parmi les leaders chrétiens mais aussi parmi les leaders musulmans ont commis de lourdes erreurs et de graves atrocités.

Le 21 septembre dernier, vous avez déclaré : « D’un cœur modeste, limpide, en toute sincérité et en toute transparence, devant Dieu et les gens, en mon nom et en celui de générations de résistants, vivants ou martyrs, je présente de profondes, de franches, de totales excuses, pour toute blessure, toute malversation, toute perte, tout dégât injustifié dont nous avons été responsables lorsque nous remplissions notre mission nationale, pendant la guerre. Je demande à Dieu et à toutes les personnes que nous avons lésées de nous pardonner, de transcender leurs douleurs, de nous donner de l’affection. Et à tous ceux qui basent leur fond de commerce sur nos douleurs et celles des gens, je dis : ce commerce, ces surenchères, cet abus du sang et des larmes des gens suffisent ; cette falsification de l’histoire suffit. »

Je ne vous permets pas de parler en notre nom, nous générations de résistants, vivants, martyrs ou martyrs-vivants (handicapés) non pas parce que nous n’aurions commis aucune erreur mais parce que vous êtes responsable, personnellement, vous et vos collaborateurs, Nader Sukkar, Ghassan Touma, Tony Obeid, Ragi Abdo et d’autres, de lourdes erreurs et de graves atrocités à l’intérieur de nos propres rangs !

Certes, vous êtes soupçonné des meurtres de Tony Frangié et sa famille, Rachid Karamé, Dany Chamoun et sa famille mais aussi d’officiers de l’armée libanaise comme Khalil Kanaan. Mais allez-vous demandé pardon aux familles de Ghaith Khoury, Elias Zayek, Emile Azar, Samir Zeinoun et tant d’autres?

Dans un entretien accordé à Viviane Dagher Saliba dans al-Aamal du 1er janvier 1984, vous déclariez : « Le mal n’existe pas… Je suis un des responsables de la Marche universelle. J’aspire à devenir le principal responsable de la Marche universelle. »

Je m’interroge sur la sincérité de votre demande de pardon pour une raison essentielle : vous êtes un fervent partisan du principe d’immanence du père Teilhard de Chardin, rejeté par l’Eglise Catholique au profit du principe de transcendance développé par saint Thomas d’Aquin. Nous considérons que le Christ nous a sauvés mais nous a laissé le choix, à travers nos actions sur la terre, de rejoindre le Salut ou de le perdre alors que vous croyez que le Jésus s’est sacrifié pour nous sauver et nous ne pouvons déroger au Salut quoi que nous fassions. D’où votre conclusion que je dirai simpliste : « Le mal n’existe pas… »

Allez-vous demandé pardon aux libanais en général et aux chrétiens en particulier pour les intifadas que vous avez mené et que vous appelez « marche universelle » ou encore « mission nationale » et qui ont conduit à la défaite finale ? Allez-vous nous demander pardon pour avoir usurper les Forces Libanaises, leur leadership et leur image (drapeau et symboles) ?

Votre demande de pardon au niveau chrétien et libanais est conditionnée par une réconciliation au sein des Forces Libanaises, je veux parler de la génération résistante et non pas du parti que vous dirigez. De cette réconciliation interne aux Forces Libanaises, devront découler deux principes: celui de la transparence et celui de la démocratie et donc de l'alternance.

Fortes de cette réconciliation interne, les Forces Libanaises pourront tendre la main aux autres chrétiens puis aux musulmans afin d'en venir à une nouvelle formule politique visant à bâtir un Liban fort. Cette nouvelle formule politique reposerait principalement sur une neutralité positive et permanente garantie internationalement, le régionalisme offrant une double autonomie: à l'Etat d'une part et aux communautés d'autre part à travers une gouvernance locale, une loi électorale assurant la parité islamo-chrétienne au premier tour à travers le système uninominal et le développement des partis au second tour à travers le système proportionnel avec une circonscription englobant quatre sièges, etc.

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